J'aimerais travailler sur un verbe, une action que nous effectuons au quotidien et que les designers nous incitent à faire: plier, déplier. Pour savoir comment, à mon tour, je peux utiliser les mécanismes que ce mouvement entraîne.
Intéressons-nous d'abord à la définition de ce verbe "plier". Dans le Robert, dictionnaire de la langue française, il est défini ainsi: "Rabattre(une chose souple) sur elle-même, mettre en double une ou plusieurs fois avec un certain ordre".
On peut y associer plusieurs synonymes qui possèdent tous une nuance plus ou moins notable: plisser, froisser, enrouler, fermer, corner.
Au sens figuré, il désigne le fait de "faire céder quelqu'un, le soumettre à une influence à une influence qui transforme".
Per Mollerup, l'auteur de "Plier/découper" aux éditions Thames & Hudson pense qu'il y aurait un lien entre les deux définitions : "l'être humain lui-même capable de se replier physiquement et psychologiquement a (aurait) besoin d'outils repliables."
Pour Charles Darwin c'est plus, car "ce n'est pas l'espèce la plus forte qui survit au changement ni la plus intelligente, mais bien celle qui s'adapte le mieux au changement."
En effet, beaucoup d'objets de notre quotidien seraient mis de côté si leur encombrement n'était pas modulable. Les parapluies, par exemple, les lunettes se plient, les mouchoirs, les journaux. Nous sommes entourés d'objets pliables.
Mais, on peut se demander, alors: Quelles sont les conditions qui font qu'un objet est repliable?
Tout d'abord, il doit se plier pour qu'on puisse le ranger sans qu'il nous encombre, mais il faut aussi que cette action soit possible mécaniquement plusieurs fois.
Il faut cependant se rendre compte que le besoin du pliage doit être généré par des dimensions difficiles à manipuler ou qui occupe beaucoup d'espace vide. On ne plierait pas un timbre.
Le but étant de répartir le volume différemment pour qu'il soit plus petit, mais seulement en apparence, ce qui permet de le transporter plus facilement. On peut citer le matelas de voyage "Term-A-Rest" fabriqué par Cascade.
Il existe plusieurs principes de repliabilité: la tension et la compression sont des méthodes intéressantes pour le pont de violence contre l'objet que l'on veut modifier, que l'on effectue sans s'en rendre compte, comme lorsque l'on s'assoit sur une valise pou la fermer.
-Le pliage qui permet de créer des formats de poche, on l'utilise pour plier le linge de maison. On en a fait un art l'origami.
-Le plissage, lui procure un aspect net. Il est utilisé pour le rangement des uniformes de la Royal Navy.
-Le soufflet, lui permet un pliage hermétique. Utilisé dans les accordéons Gola, fabriqués par Horner, il a besoin de cette propriété pour garder l'air qui produira le bruit. Mais aussi utilisé dans l'architecture, comme dans la caravane Markies, qui permet d'agrandir la surface.
-L'articulation, elle, permet d'effacer la frontière entre le pliage et les deux surfaces noires en relation comme les téléphones communcator de Nokia.
-L'enroulage permet d'éviter les plis et de donner un aspect précieux. Il était déjà utilisé pour les papyrus.
-Le gonflage est utilisé surtout dans les équipements de sauvetage comme les gilets sur les bateaux de sauvetage. Mais aussi, dans les transports comme la mongolfière.
De ces principes ont découlé encore d'autres principes, comme l'éventail avec lequel on crée des nuanciers, ou encore le coulissage de la longue vue.
On se rend compte qu'il existe beaucoup de techniques que l'on a l'habitude d'utiliser mais on les oublie car elles sont ancrées dans notre quotidien.
On peut noter aussi que certains objets, grâce à ce mouvement de pliage, s'imbriquent et forment un autre objet seulement par modification du positionnement de leur volume. La chaise escabeau d'Ottakringer avec la rotation de son dossier illustre cela. Cependant, cet objet peut-il être considéré comme repliable alors qu'il présente toujours le même encadrement plier ou déplier?
Les animaux eux aussi se plient et se déplient tels les papillons, le paon alors qu'ils n'ont pas besoin de gagner de place. Est-ce alors juste une question de volume? N'y a-t-il pas un désir sous-jacent?
Plier peut servir aussi à protéger un contenu, la boite.
On peut noter d'ailleurs que chaque nationalité à une manière particulière de plier son drapeau. Le Dannebrog danois lui se plie s'enroule de manière à protéger, à cacher la croix blanche.
Le pliage a donc une grande importance affective. Mais il doit être effectué avec soin. En effet, un parachutiste se mettrait en danger lors de sa prochaine utilisation.
Par cette recherche, j'ai remarqué à quel point le pliage sous ses airs simplistes relevait en réalité d'une grande complexité. La Fontaine disait d'ailleurs: " je et ne romps pas". Cet équilibre est complexe à trouver, mais procure un sentiment d'accomplissement.
Pennec Anaëlle
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