samedi 5 avril 2008

Raymond Depardon, bien plus q'un photographe


Chanon Anaïs

Voici, en quelques mots, mes ressentis quant au film "Les années déclics" de Raymond Depardon.


Considéré comme l’un des photographes les plus importants de sa génération, Raymond Depardon revient dans ce film sur les débuts de sa carrière. Pour se faire, il utilise un procédé très simple que je détaillerais, en expliquant en quoi il est propice à transmettre des sensations personnelles et à donner une vision de sa profession et de l’engagement en général.

Je commencerais par mettre en perspective les modalités de ce procédé avec les émotions que j’ai ressenti.

Tout d’abord, Raymond Depardon se met en scène dans cette vidéo : son visage, éclairé par un halot de lumière, ressort sur un fond noir. Cela m’a donné la sensation d’être intime avec lui, il m’emmenait dans son univers. Comme s’il n’y avait que lui et moi dans un lieu secret et qu’il me dévoilait son trésor, le trésor de sa vie.

Cette sensation de proximité a été confortée par le ton qu’il employait. En effet, c’était un voix chargée d’émotion, monotone mais pas ennuyante. Comme s’il établissait le « constat » de sa vie en nous laissant transpercer par son discours. Certaines pauses donnaient le temps d’apprécier ses paroles. Le silence devenait porteur de sensations.

Si ce film fait émerger des émotions intenses en nous, il est pour moi également le reflet de sa vision de la profession.

« Le voyage fait partie de moi » tels sont ses propres mots qui retranscrivent, à mon sens, la profondeur de son engagement. Son métier de photographe-reporter est bien plus qu’une profession, c’est sa passion qu’il a réussit a vivre chaque instants. Le fait que son métier et lui ne fasse qu’un se traduit aussi dans les couleurs du film : il est filmé en noir et blanc au même titre que ses photos sont en noir et blanc.


Cet engagement sans borne pose pour moi une question qu’il évoque d’ailleurs au cours du film : Quel temps reste-t-il pour nos proches ?
Il dit lui-même qu’il lui arrive de regretter de ne pas avoir assé plus de temps à apprendre à connaître son père avant qu’il ne meurt. Est-ce, lorsqu’on vit sa passion comme lui,on est obligé de vivre en solitaire ? On n’est pas seul, on est nourrit par ce que l’on apprend. Mais la vie suit son cours. Il m’arrive parfois de rêver utopiquement à une vie de « grande voyageuse ». Ce film a donc résonné en moi comme un grand point d’interrogation : Que choisir ? Sommes-nous obligés de faire un choix ?

Nous pouvons donc dire que "Les années déclics" est propice à transmettre à la fois des sensations ainsi qu’à exprimer l’angle sous lequel il aborde son métier. Je trouve qu'il illustre le fait qu’une émotion personnelle peut devenir collective. C’est pour moi ce qui caractérise les grandes œuvres et leurs auteurs.

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